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lundi 19 avril 2010

Evacuation de la rue du Regard, synopsis par un enseignant-cinéaste de Paris 8

Votre serviteur avait dix-huit ans, quand le comité de lutte de son lycée avait invité un cinéaste militant du groupe Dziga Vertov. C'était Jean-Henri Roger. Celui-ci, n'ayant finalement pas trop changé ses habitudes ni ses fréquentations 36 ans après, nous fait le récit de l'évacuation du piquet de grève des sans-papiers de la rue du Regard où nous rondions avec Mandela, rue hélas filmée aussi par les flics.

*

[1er - 2 avril 2010] Ce fut une journée forte. Je reçois un coup de télé à 1h du mat pour dire que la rue du regard va être évacuée le lendemain matin, c'est un mec des rg qui à prévenu la cgt. On fait le tour des cinéastes, ceux qu'on peut appeler a cette heure. Christophe R et dispo. Il arrive à 5h30 rue du regard et rentre, moi 5' plus tard et je ne rentre pas, la rue est bloquée. J'appelle Christophe R pour lui dire qu'ils arrivent, à 6h30 l'opération est terminée, ceux qui étaient à l'intérieur son évacués, rejoints par les soutiens dans la rue du regard une petite centaine en tout entourée par des gardes mobiles, la situation est tendue. Et là on assiste à la manoeuvre la plus stupide de l'histoire de la préfecture. Ils décident de nous accompagner au métro, tu vois le truc, on met presque une heure pour traverser la rue de Rennes.
Visiblement les consignes étaient : évacuation sans arrestation, ni blessés, il faut que cela fasse pub pour la conférence de presse de Besson et pas tâche. Le mec qui a dit à la préfecture pas de problèmes, est un génie tactique et nous le remercions tous. Bref vers 7h30 nous sommes devant l'entrée du métro St Placide, 150 maintenant. Laurent C est arrivé et d'autres prévenus par sms. Je descends dans la station pour voir ce qu'il se passe, et là je vois et écoute le flic que j'ai dejà repéré comme le second de la commissaire principale, 40 ans pantalon tailleur très 7° arrondissement, qui mène les opérations. Il demande a la fille de la station de faire en sorte que les trains ne marquent plus l'arrêt à la station! La fille est ahurie et lui explique que cela ne peut se passer comme cela qu'elle ne peut décider elle, bonjour la préparation de l'opération ! Le flic est obsédé par l'idée que si des gens sortent du métro quand ils nous poussent il peut y avoir des gens piétinés, "Charonne" doit être étudié au cours sur le maintient de l'ordre. Au bout de 20 minutes de ce manège, je monte dire aux types de la cgt ce qu'il se passe, ils appellent le mec de la cgt de la ligne 4 qui une demie heure plus tard fait un communiqué disant qu'il ne seront pas des auxiliaires de police. Le responsable de la cgt de la ratp nous rejoint et dis a la fliceuse qu'il s'opposeront à toute manoeuvre qui faciliterait leur travail.Il est 8h on est plus de 200 maintenant.

A 10h, la revendication pour quitter les lieux est énoncée, un rendez-vous avec le ministère du travail. Il y a de plus en plus de monde, c'est tendu, les gardes mobiles nous entourent et ne laissent plus les gens qui arrivent nous rejoindre résultat au bout d'une heure ils sont eux même entourés par de nouveaux soutients. La fille du 7° flippe et comprend que la situation est devenue ingérable pour elle, quand elle menace d'embarquer tout le monde et fait quelques manoeuvres pour rendre crédible cette hypothèse, on ne bouge pas. Puis vers 13h les politiques arrivent, le président de la région, une forte délégation de verts et du front de Gauche, le maire fait un communiqué. Les gardes mobiles sont relevés par des flics de la pp, Louis Garrel est arrivé et la fille du 7° parle avec lui, Louis joue le jeu, on se marre. La préfecture est arrivée à rendre possible ce que nous recherchons depuis 6 mois, mouiller les politiques. Le ministère accepte le principe d'une réunion mais pas au ministère du travail, les grévistes refusent. On reste, il y a jusqu'à mille personnes,

plein de signataires passent, les flics ne savent pas quoi faire, on apprend qu'il y a une réunion au ministère du travail avec le ministère de l'immigration, c'est la première fois qu'une telle réunion a lieu, les choses bougent. Il y a en même temps une réunion avec les organisations patronales du btt, de la restauration et des syndicats, ils reprennent la déclaration commune qui existait déjà avec une organisation de petites entreprises du btt, mais là il s'agit d'organisations importantes, le texte commun réclame une circulaire claire qui permette la régularisation des travailleurs. A 9h du soir, il est clair qu'il n'y aura pas d'évolution, la dame du 7° se pose la même question que nous : comment tout cela va finir ?

La marie de Paris traumatisée par Cachin ne propose rien, les grévistes veulent trouver une solution pour ce soir avant de trouver un autre lieu à occuper comme piquet de grève, donc un organisme paritaire ou patronal. Christophe R Laurent C et moi téléphonant au président de la srf et vice président et quelques membres du ca, dont de nombreux sont passés dans la journée. Nous allons proposer aux grévistes de passer la nuit dans les locaux de la srf. On précise que cela ne peut être que pour une nuit qu'il n'y a aucune logistique et que le matin à partir de 9h, 35 personnes qui travaillent à la quinzaine des réalisateurs arrivent. On se met d'accord, les types de la cgt nous disent qu'ils cherchent une autre solution que rien ne bougera avant 11h, Christophe va manger avec N, Laurent C Louis G et moi allons au bistrot manger en disant aux grévistes où nous sommes. Pas le temps de manger nos entrecôtes ou tartare qu'un copain de la cgt arrive et nous dit il faut y aller.

Laurent C prend son scooter et part à la srf et moi je prends le métro avec les grévistes. Arrivé gare de l'est, j'ai l'impression d'être Charlot dans les temps modernes, je me rends compte qu'il y a 400 grévistes sur le quai, panique. Palabre j'explique que c'est impossible, que seuls les grévistes de la rue de regard peuvent venir en une petite demie-heure c'est réglé.
Laurent C panique à son tour, il voit arriver 250 grévistes qui rentrent à la srf, en effet les grévistes dormaient par roulement rue du regard. Palabre on explique, tous se rendent compte que c'est impossible, on décide que, comme rue du regard, seule une partie dorment ici. Restent ceux qui habitent loin finalement 87 grévistes vont dormir là. Il est 1h du mat, on s'enferme Laurent C, Christophe et moi dans un bureau pour faire une communiqué de presse et convoquer une conférence de presse le lendemain à 14h à la srf avec les grévistes et les soutiens, fini à 3h, je propose à Christophe et Laurent qu'ils rentrent chez eux et viennent me relever à 7h30. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi par terre sans rien, pas génial, je n'ai pas dormi. Laurent C et Christophe R arrivent comme convenu, les grévistes qui n'ont pas beaucoup dormi aussi, il n'y avait rien pour organiser la nuit, quittent la srf, passent la serpillière dans les wc, tout s'est bien passé.

14h : conférence de presse, pas beaucoup de journalistes, libé, le monde, france-inter et info, l'afp.

Voilà un résumé de ces deux jours, je t'embrasse

jean-henri




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